Lorsqu’elle était plus jeune, Aerith a vécu une période de doute. Vous savez, ces moments fabuleux où votre confiance en vous semble n’avoir jamais existé, où vous doutez de tout. Ce mal la dévorait de l’intérieur tandis qu’elle cachait ses larmes dans l’eau d’une piscine ou le calme d’un bord de lac. Cette période chevauchait celle du décès de sa mère, morte de maladie. Pour aider sa famille, mais aussi grâce à elle et à son meilleur ami, William Martin, elle a cependant su remonter la pente.
La jeune fille a rapidement repris pied et assumé de nombreuses tâches pour compenser l’absence de sa mère. Cette histoire l’a aidé à mûrir, Aerith étant du genre à avancer peu importe les difficultés. La vie a repris son cours, la jeune fille se transformant en préadolescente intelligente, responsable et populaire, autant de part sa beauté que sa simplicité et son bon-sens naturels. A l’âge où l’on s’intéresse à l’amour seulement elle remarqua l’attention qu’on lui portait. Et, contrairement à ce que la majorité des files aurait fait, Aerith s’est tournée vers son meilleur ami, William Martin. Après tout, quel exemple pus attendrissant ? Bien bâti, agréable à regarder, sympathique, complice, et surtout unis par un grand lien de confiance construit au fil des ans : le choix idéal. Aerith a nourri son intérêt jusqu’à ce que son honnêteté la rattrape.
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Will était posé là, sur notre banc habituel, à attendre sa mère pour ses courses à la ville voisine, comme il me l’avait expliqué le matin même. C’était le moment ou jamais. J’arrivais derrière lui en lui sautant sur les épaules.
- « Wiiiiiiiiiiiill !
- Vous vous êtes encore échappée de votre asile, mademoiselle Morei ?
- Ah tu le prends comme ça ? Moi qui voulais t’inviter au cinéma…
- Tu sais bien que j’peux pas, Aerith.
- Mais pas ce soir, andouille ! »
William se retourna, visiblement intéressé.
- « Tu es libre, mercredi prochain ? Repris-je
- Hm.. Oui. J’ai encore rien pour la semaine prochaine.
- Super ! Réserve-moi ta journée, ok ? A plus tard ! »
Je partis en courant chercher mon petit frère à l’école – avec ça, j’étais en retard – le sourire aux lèvres. Je pouvais imaginer mon meilleur ami ouvrir son agenda électronique (il fait toujours ça, noter ses rendez-vous importants dessus), voir que la date correspond au 14 février, comprendre, rougir. Bon, j’avoue, la fin je l’espère plus que je ne la devine. Mais j’ai le droit, non ?
En bon gentleman, William s’est présenté devant chez moi le mercredi suivant. Il était habillé avec goût, comme je pouvais m’y attendre de sa part, et sa veste était en parfait accord avec le doux vent de Février.
- « Aerith. Me salua-t-il.
- William ! Ravie de te voir ! »
Je sautai les quelques marches de mon perron avant de lui prendre le bras. Will était un peu gêné, ses joues étaient quelque peu rosies d’embarras, il parlait peu et évitait tout contact visuel. Voilà qui n’était pas pour me déplaire. Je l’entraînai donc à ma suite au cinéma pour que nous regardions ensemble le tout dernier Annabelle. Will comme moi adorons les films d’horreur et les frissons qu’ils peuvent nous procurer, ou les tranches de rire, c’est selon. Je tremble particulièrement devant ceux qui touchent à l’enfance ou la famille, et nous adorons tous deux débattre sur leur potentiel vraisemblable des films paranormaux. Alors au temps vous dire que mon meilleur ami était ravi de mon choix ! Après ça, j’ai entraîné Will dans notre fast-food habituel où nous avons commencé par parler du film, avant que je ne me jette à l’eau.
- « Eh, Will.
- Oui ?
- Notre relation a toujours fonctionné sur la base de l’honnêteté, n’est-ce pas ? »
Je le vis tressaillir. Devinait-il où je venais en venir ?
Mes mots allaient-ils mettre fin à notre belle amitié ?
- « Bien sûr.
- Alors voilà. Tu l’as sans doute compris au vue de la date qui n’est en rien due au hasard.. Je souhaitais, pour que notre relation continue sans équivoque ni mensonge, t’avouer que j’ai depuis peu développé une certaine attirance à ton égard. »
William est resté me regarder droit dans les yeux, les siens légèrement écarquillé, comme s’il voulait lire en moi. Lire quoi ? Ce n’est pas une blague, Will. Vois comme j’ai choisis mes mots, tu sais très bien que c’est ma façon de parler des choses délicates. Contrairement à ce que je pouvais m’imaginer, il a finalement sourit et posant ses mains par dessus les miennes.
- « Aerith… Tu es incroyable.
- Ah ?
- Tu es surtout bien plus honnête que moi… Je,.. Je t’aime Aerith, mais je n’ai jamais osé te l’avouer, contrairement à toi. »
Est-ce que ça vous est déjà arrivé de revivre mentalement vos souvenirs sous un nouvel angle ? C’est la sensation qui m’a envahi, à cet instant là.
Les baisers de Will sont de vraies douceurs, et Maman sait comme j’aime ces choses là.
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Finalement, son meilleur ami devint son premier petit-ami, et bon nombre de ses autres premières fois. La vie s’écoula paisiblement jusqu'à l’arrivée de la fatidique lettre du Campus. Celle qui marque la fin de ce quotidien plaisamment normal.
Déjà à l’ouverture, Aerith avait tiqué. C’était qui, ce Alfred Fitzgerald ? Inconnu au bataillon. Même remarque concernant ce soi-disant Campus Atlantis, bien qu’il sonnait un peu plus familiers aux oreilles de la demoiselle. Mais la douche froide résidait dans le corps même de la lettre. Refus non recevable ? N’appelle-t-on pas ça un enlèvement ? Et puis ça là, personne ayant des pouvoirs… La châtain n’avait plus pu décrocher ses yeux de la lettre à la lecture de ces mots. Si c’était une blague, elle était un peu trop bien montée, et Aerith ne parvenait pas à s’empêcher d’y croire. Parce que tout était trop vraisemblable, au final. Elle repensa à cette fois où elle pleurait sa mère et que le lac avait parut l’embrasser malgré l’absence total de vent. Qu’est-ce que sa mère aurait pensé de tout ça ? La défunte racontait souvent que ses années au campus avaient été les meilleures de sa scolarité, bien qu’elle n’ait été pleinement heureuse qu’aux côtés de son mari et ses enfants. Sa mère employait le mot campus…
Bien que l’idée d’un sort ne l’enchantait pas le moins du monde, Aerith raconta à sa famille que sa bourse à l’étranger – dont ils n’avaient pas entendu parler car elle aurait eu trop honte si elle avait échoué – avait été accepté, et s’était entretenue avec son petit-copain.
« Will… Tu es vraiment un petit-ami formidable, tu sais ? Je ne connais personne de plus attentionné que toi. Grâce à toi, notre couple était vraiment parfait. C’est pourquoi tu mérites vraiment mon honnêteté que tu dis tant aimer, Will… Je t’adore, et être à tes côtés est agréable. Mais je n’ai pas de papillons dans le ventre que tu t’approches de moi, mon coeur ne bat pas à cent à l’heure comme le fait le tiens… Je.. Je crois que je ne suis pas folle de toi comme tu es fou de moi, Will. Je t’en prie, ne gâche pas ton temps, trouve-toi quelqu’un qui t’aime plus que tu ne m’as aimé et aime-la davantage. J’espère que la distance n’effacera pas notre amitié, Will. Je suis vraiment désolée d’être si cruelle... »
Au moment où les amarres ont été levées, ce sont toutes les attaches d’Aerith qui ont volé en éclat.