La plage : grande étendue mêlant bleu turquoise de la mer et doré pale du sable fin, dont la plupart des gens rêve de visiter durant les vacances. Ces mêmes personnes qui, une fois sur place, choisissent entre se promener le long de l’eau, s’allonger pour profiter du soleil, ou se baigner pour la plupart. Et « la plupart », Aisling n’en faisait pas parti.
Sous le soleil de plomb, la jeune fille mourrait de chaud. D’un autre côté, sortir par ce temps estival avec une chemise, un pardessus, une jupe longue, et d’immenses bottes noires n’était une bonne idée pour personne. De plus, la demoiselle transportait un sac à dos plein à craquer de livres, carnets, aquarelles, bouteille d’eau, et d’outils plus ou moins utiles.  Aisling avait bien veillé à ne rien oublier qui puisse lui servir, et arborait son appareil photo autour du coup, tombant sur sa poitrine. Hors de question de faire demi-tour, elle avait une expédition à mener ! Ainsi, ce fut sous les regards surpris des profiteurs de soleil qu’elle se dirigea vers sa destination.
 
L’irlandaise, quelques minutes plus tard, arriva devant une petite bâtisse, assez délabrée, qui semblait avoir été abandonnée depuis des années. Elle surmontait quelques rochers, qui la protégeaient de la mer, mais cela n’avait visiblement pas empêché le temps de faire son effet.
 
« Quel dommage que personne ne vienne plus ici, cela devait être un bel endroit. » se dit-elle « Avec une magnifique vue en plus. Oh, well, si c’était habité je n’aurais pas pu venir »
 
Il était vrai que la demoiselle était venue pour explorer une cabane, pas pour rencontrer des occupants. Une vieille bicoque comme celle-ci devait avoir des secrets non ? En tout cas cela avait été son résonnement lorsqu’elle l’avait vu pour la première fois, deux jours plus tôt, alors qu’elle s’était encore perdue sur l’île.
Ah, la curiosité l’emportait déjà sur sa patience, et son imagination prit le pas sur sa raison : qu’y avait-il a découvrir ? Un monstre ? Une plante inconnue ? Les restes d’un rituel antique ? Des cadavres abandonnés par le gouvernement colombien ? Une salle d’arcade ? Un dragon ? Mieux, et si c’était un Funyarinpa !
 
« Non, je sais, il doit y avoir le fantôme d’une femme jetée a la mer par un homme jaloux ! Elle hanterait depuis cette cabane, ou son âme en peine s’est vengée ! » S’écria-t-elle, le cœur battant aussi vite qu’une adolescente lors de son premier rendez-vous avec son crush.
 
Essayant de se calmer, la demoiselle prit une grande inspiration. Parler toute seule n’était pas le problème, elle n’avait que faire de ce que l’on pouvait penser d’elle, mais elle devait garder son calme si elle devait avoir affaire avec quoi que ce soit dans le bâtiment. Aussi décida-t-elle de prendre sa thermos, boire un peu de l’ice tea frais à l’intérieur, puis de faire le tour.
Malheureusement, ou heureusement au vu des hypothèses qu’elle avait, rien n’était vraiment particulier. Du vieux bois, quelques planches pourries au sol plus loin, des hautes herbes… Et pourtant tout cela tenait toujours, comme neuf. Il n’y avait que la vitre cassée qui, aux yeux d’Aisling, sortait de l’ordinaire. Elle était la seule ayant subi des dégâts, et si c’était un poltergeist ! Non, non, il fallait se calmer. Si elle était dans cet état maintenant, qu’est-ce que ça allait être à l’intérieur ? L’irlandaise, maintenant devant la porte, reprit de sa boisson. Elle entrerait une fois l’émotion passée.
Le soleil tapait toujours, mais la demoiselle n’avait pas si chaud. La température lui rappelait d’autres voyages, d’autres expéditions, qu’elle avait faites avec son père. Elle n’avait pas eu de nouvelles de sa famille depuis un moment d’ailleurs… Mais Aisling était tellement occupée à droite à gauche que le manque de nouvelles était devenu une habitude. Ainsi, devant la cabane, des souvenirs revinrent à la pelle : Egypte, Amazonie, Pripyat, en Ukraine… Elle avait tellement écrit, dessiné, photographi-
 
« Ah, les photos ! » se souvint-elle brusquement.
 
Prenant rapidement son appareil, elle prit la vue, la bâtisse sous tous les angles, la porte, quelques plantes au sol, et d’autres détails en photo : elle ferait le tri plus tard, probablement vers 2h30 lorsque Lee dormirait. Soupirant de soulagement, elle se redirigea vers la porte : il allait peut être être temps de passer au cœur du sujet.